JO 2020 : Plus de sécurité pour moins de liberté ?
Pour les JO de Tokyo en 2020, la technologie de reconnaissance faciale sera utilisée pour la première fois afin d’identifier les visages des athlètes. Système précis et rapide, il nous rappelle que l’anonymat devient une denrée de plus en plus rare.
JO: Un record de rapidité
Développée par le géant de la télécommunication japonais NEC, cette reconnaissance faciale permettra d’identifier les 300 000 joueurs olympiques, membres des staffs et journalistes présents en 2020. Installé sur les 43 sites d’activités des Jeux olympiques et paralympiques, ce système optimisera la sécurité et facilitera les allées et venues des athlètes, du staff et membres de la presse. Il ne s’appliquera cependant pas aux spectateurs.
Cette technologie de reconnaissance faciale compare le visage de l’utilisateur avec la photo encodée dans la puce de son badge. Ce système évitera ainsi toute entrée frauduleuse par le biais d’une carte volée ou contrefaite.
Selon la société NEC, connue pour produire l’un des super calculateurs les plus rapides du monde, le temps d’identification est de 0,3 seconde. Bien plus rapide que le système d’identification classique, la reconnaissance faciale permettra de fluidifier la circulation. Cette rapidité est bienvenue pour supporter les pics de température prévus à Tokyo.
Une précision assurée
NEC assure que leur intelligence artificielle, baptisée Neoface, présente un taux de réussite de 99,7%. De quoi rassurer les organisateurs et futurs athlètes. La reconnaissance faciale a en effet subi de nombreux revers, notamment dans les rues de Londres. Scotland Yard y avait testé un nouveau dispositif de reconnaissance faciale comparant les passants à la base de données des personnes recherchées. Le résultat : un taux ahurissant de 98% des personnes détectées par erreur.
Fin de l’anonymat ?
La reconnaissance faciale en est encore à ses balbutiements et de nombreuses questions sont à traiter. L’arrivée de cette technologie lors d’un évènement de l’ampleur des JO la légitimera peut-être trop tôt. Les questions de respect de la vie privée, d’éthique sont encore à traiter. Et, s’il atteint l’échelle qu’il a déjà prise en Chine, c’est notre droit à l’anonymat qui risquerait d’être attaqué. Au-delà de ces questions, les algorithmes se sont avérés inconstants et biaisés pour certaines communautés. De quoi renforcer les discriminations.
Un marché porteur
Malgré ces déboires, le marché de la reconnaissance faciale est au beau fixe avec une valeur estimée à 4,1 milliards de dollars en 2016. D’après une étude de Allied Market Research, il devrait atteindre les 8 milliards vers 2022. Le développement rapide de cette technologie a poussé le président de Microsoft, Brad Smith, à demander aux législateurs américains un cadre règlementaire. En France, la technologie se limite encore aux aéroports de Paris et de Nice ainsi qu’à l’entrée de l’Eurostar.